En 2014, l'association les Amis du Vallon a fêté ses 30 ans d'existence




Si j’étais un arbre
et toi
un arbre
dans la même forêt


Mes racines creuseraient la terre et les mousses,


se couleraient dans les fentes des rochers


te chercheraient, te chercheraient à travers l’obscur,


la lente nuit décomposée,


les odeurs, les monstres sans formes,


jusqu’à ce que sentant les tiennes,


elles frémissent de joie, d’amour si fol


que la forêt entière en serait soulevée


 


Corinna Bille


VII


«  Cent petites histoires d’amour »


 


 






 



21 août

 

En marge de l’orage, nous avions (Michène et moi) récolté un demi - bidon de framboises. Très rares. Les talus sont borgnes, une ou deux par-ci, par -là. Le gel avait précédé la sécheresse que l’on a ressentie comme un absolu. Le ciel a pompé la couleur des rares fleurs, les œillets roses qui signent les cailloux… de la soie, du sang séché, épargnant derrière les orties les marguerites si blanches.

 

Ces rares framboises furent un délice ; on retrouve une sorte de liqueur de forêt…en confiture sur une tranche de pain.

 

D’une ronce à l’autre, des yeux et des mains nous nous sommes acharnés à cueillir quelques baies dans les ravins, nous suspendant à la pente, attirant les tiges avec une canne, chicanés par les insectes, glissant, nous estropiant dans des trous ou nous encoublant contre des troncs de sapin des bûcheronnages.

 

 Une année de disette et de parfums dus au soleil ! On rampe debout avec un couvercle et une boîte dans les dévaloirs. Enfin au terme, dans un escarpement le  long du bisse, un demi - bidon d’un litre fut notre récompense, du bout des ongles en quatre ou cinq heures.

 

Maurice Chappaz

«  La pipe qui prie et fume «

Editions de la revue Conférence


 

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